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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/313

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vie son ancienne maîtresse & ses cheres compagnes.

Elle n’est plus assujettie au comptoir ; elle jouit de tous les dons du bel âge. Elle ne couche plus au sixieme étage dans un lit sans rideaux, réduite à attrapper en passant le stérile hommage d’un maigre clerc de procureur. Elle roule avec le plaisir dans un leste équipage ; & d’après cet exemple, toutes les filles, regardant tour-à-tour leur miroir & leur triste couchette, attendent du destin le moment de jeter l’aiguille & de sortir d’esclavage.

En passant devant ces boutiques, un abbé, un militaire, un jeune sénateur y entrent pour considérer les belles. Les emplettes ne sont qu’un prétexte ; on regarde la vendeuse & non la marchandise. Un jeune sénateur achete une bouffante ; un abbé sémillant demande de la blonde ; il tient l’aune à l’apprentisse qui mesure : on lui sourit, & la curiosité rend le passant de tout état acheteur de chiffons.

Quelques boutiques de marchandes de modes sont montées sur un ton sévere, comme