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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/316

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le génie ne dépendoit pas des longues études faites chez mademoiselle Alexandre, ou chez M. Baulard. Une petite marchande de modes de l’humble quai de Gesvres, bravant toutes les poétiques antécédentes, rejetant les documens des vieilles boutiques, s’élance, prend un coup-d’œil supérieur, renverse tout l’édifice de la science de ses rivales. Elle fait révolution, son génie brillant domine, & la voilà admise auprès du trône.

Aussi quand le cortege royal s’avance dans la capitale, que le pavé étincele sous le fer des coursiers que monte une noble élite de guerriers, que tout le monde est aux fenêtres, que tous les regards plongent au fond du char étincelant, la reine, en passant, leve les yeux & honore d’un sourire sa marchande de modes.

Sa rivale en seche de jalousie, murmure de ses succès, cherche à les rabaisser, ainsi que fait un journaliste dans ses feuilles contre un auteur applaudi. Mais la reine est l’arbitre des modes ; son goût fait loi, & sa loi est toujours gracieuse.