Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 313 )

Mais j’oubliois que le travail des modes est un art ; art chéri, triomphant, qui dans ce siecle a reçu des honneurs, des distinctions. Cet art entre dans le palais des rois, y reçoit un accueil flatteur. La marchande de modes passe au milieu des gardes, pénetre l’appartement où la haute noblesse n’entre pas encore. Là on décide sur une robe, on prononce sur une coëffure, on examine tout le jeu d’un pli heureux. Les graces ajoutant aux dons de la nature, embellissent la majesté.

Mais qui mérite d’obtenir la gloire, ou de la main qui destine ces ajustemens, ou de celle qui les exécute ? Probleme difficile à résoudre. Peut-on dire ici, invente, tu vivras ? Qui sait de quelle tête féminine part la féconde idée qui va changer tous les bonnets de l’Europe, & soumettre encore des portions de l’Amérique & de l’Asie à nos collets montés ?

La rivalité entre deux marchandes de modes a éclaté derniérement, comme entre deux grands poëtes. Mais l’on a reconnu que