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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/5

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Auteurs qui craignez ce revers, ne vous adressez qu’aux maîtres-décrotteurs du Pont-Neuf. S’il pleut, ou si le soleil est ardent, on vous mettra un parasol en main, & vous conserverez votre frisure poudrée, agrément que vous préférez encore à la chaussure.

Les décrotteurs sont libres ; ils ne paient rien au roi. Dès qu’ils ont acheté une sellette & deux brosses, ils peuvent exercer par-tout leur talent, qui leur appartient en propre : avantage très-rare à Paris.

Souvent celui qui sait parler & écrire, ne peut ni écrire ni parler au bareau ; des usages tyranniques enchaînent le talent. Point de stage chez les décrotteurs ; ils ne demeurent point les bras croisés à voir travailler leurs camarades ; ils prennent la brosse & ils disent comme ce peintre célebre : & moi je décrotte aussi.

Point de jalousie parmi eux ; vous appellez un décrotteur, quatre ou cinq accourent la sellette à la main, & dans leur zele la poussent un peu rudement contre votre jambe.