CHAPITRE CCCCLXX.
Hôtel des Invalides.
L’établissement le plus juste d’un siecle de grandeur. On ne voit plus les soldats, comme le dit Young, étendant le bras qui leur reste, mendier leur pain le long des royaumes que leur valeur a sauvés.
Ce qu’il y a de touchant, c’est de voir ceux qui ne peuvent plus porter des alimens à leur bouche, être servis par des mains officieuses & journalieres. Ces tristes restes de la fureur insensée des batailles ; ces corps, selon l’expression d’un poëte, dont le tombeau possede la moitié, ne peuvent plus accuser la patrie d’une criminelle indifférence.
Un gouvernement doux a effacé les rigueurs d’une discipline trop austere ; car, puisque cet hôtel est un asyle de paix & de repos, puisqu’il est une récompense, il faut en éloigner les ordonnances tristes & séveres qui conviennent aux soldats guerroyans & campés sous la tente.