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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/67

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urgentes, qui sans cesse se renouvellent. C’est la charge la plus triste, la plus ennuyeuse, la plus monotone dont un magistrat puisse être revêtu. Celle de lieutenant-général de police, par comparaison, est amusante ; elle appelle du moins des circonstances rares, curieuses, des faits étranges & particuliers, qui soutiennent le magistrat dans son travail, donnent à sa pénétration de quoi s’exercer, & peuvent occuper & intéresser tout à la fois sa tête & son cœur. Le lieutenant civil n’a qu’un travail sec, rebutant, épineux. Il est sans cesse tyrannisé par de petites formes juridiques. On appelle encore de ses sentences. Son bon-sens & sa miséricorde ne lui appartiennent pas en propre ; il est subjugué par la loi, & la loi le plus souvent est bizarre. On lui adresse tout le papier timbré qui se barbouille dans Paris : scellés, inventaires, référés, affaires de mineurs, curatelles, testamens, contrats d’atermoyemens, si fréquens de nos jours ; assemblées de parens, interdictions, saisies, séparations, prises de corps ; & il faut qu’il ré-