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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/136

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Ce n’est pas toutefois qu’il n’y ait un goût relatif. La Transfiguration de Raphaël, le Milon de Puget, le Stabat de Pergolese, le second livre de l’Énéide doivent également plaire aux peuples qui se rapprochent par le même degré de perfectibilité.

Mais est-il constant qu’on ne puisse peindre un tableau fort opposé pour la maniere, le ton & la couleur, à la Transfiguration de Raphaël, & qui seroit néanmoins aussi beau & peut-être plus parfait encore ? Ne peut-on faire une statue plus expressive que celle de Puget, composer un chant plus pénétrant que le Stabat, écrire un morceau de poésie plus fier, plus animé que l’embrasement de Troye ? Que deviendroient alors ces prétendus prototypes de perfection ? La nature s’est-elle emprisonnée toute entiere dans les premieres formes qui ont été tracées ? A-t-elle soumis toutes ses couleurs au pinceau de Raphaël, toute son énergie au ciseau de Puget, toute la profonde sensibilité du cœur humain aux notes de Pergolese, toutes les images qui décorent sa face