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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/137

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riante & majestueuse aux dactyles & aux spondées de Virgile ? Ils ont réussi : d’accord. Est-ce une raison pour dire : voilà le seul & unique point de vue. Quiconque ne prendra pas cette maniere, ne pourra jamais saisir la magie des beaux arts. Eh quoi ! ces artistes n’ont peint qu’une attitude, qu’un moment, n’ont touché qu’une fibre du cœur humain, sont morts en appercevant bien au-delà de ce qu’ils ont fait ; & l’on osera dire en leur nom : voici les formes constantes & éternelles qui constituent la beauté par excellence ! La nature peut maintenant périr ; ce qui reste d’elle est grossier & bizarre, & ne mérite pas les frais du tableau. Le tableau est tout aujourd’hui, & le modele est peu de chose.

Ainsi l’habitude est chez les hommes la regle la plus durable qui décide de leurs opinions sur le caractere du beau & du vrai ; & les prédicateurs du goût nous ramenent incessamment à suivre ce qui s’est fait plutôt qu’à réfléchir sur ce qu’il faudroit faire. Le cercle de nos plaisir est rétréci par les arrêts exclusifs