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tomber le châtiment ignominieux sur une malheureuse errante le long des ruisseaux, & mangeant par famine le pain de la prostitution.

Combien plus coupable est celle qui descend du trône de la beauté, pour exercer ce vil & infame métier, & qui immole ses propres charmes à l’avarice ou à l’ambition ! Mais l’être le plus dangereux pour les femmes, c’est la femme même.

Ces matrones bravent toujours avec plus d’audace que les hommes les argus & les agens de la police, parce qu’indépendamment des accointances elles devinent que leur sexe amortira toujours un peu la rigueur dont on voudroit user à leur égard. Un instinct secret leur dit que, péchant contre elles-mêmes & contre les loix religieuses, elles n’ont pas porté une dangereuse atteinte aux loix de l’état, à celles qu’il veut que l’on respecte par-dessus tout.

On diroit aussi qu’elles ont deviné que la police avoit à Paris un besoin continuel de