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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/167

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nation ? Elle n’est que puérile, & c’est cependant pour ces miseres-là que se commettent toutes les bassesses qui avilissent l’homme, & la multitude des petits crimes qui ne laissent pas les riches en paix avec eux-mêmes.

Sors de la tombe, sors, réveille-toi, Boileau ;
Rembrunis tes couleurs, raffermis ton pinceau,
Mais laisse en paix Cotin, misérable victime,
Immolée au bon goût, quelquefois à la rime.
Près des mauvaises mœurs que sont les mauvais vers ?
Laisse là nos écrits, & combats nos travers.
Viens ; je veux à tes traits les livrer tous ensemble :
Le luxe dans lui seul ce monstre les rassemble.
Quoi ! sur nos mœurs encor des sermons importuns,
Des déclamations, de tristes lieux communs ?
Des lieux communs ! Non, non. Si je disois : Dorante
Fait briller à son doigt deux mille écus de rente ;
Ce commis échappé de l’ombre des bureaux,
Fait courir deux valets devant ses six chevaux ;
De l’épais Dorilas, que Paris vit si mince,
Le sallon coûte autant que le palais d’un prince ;
Ce traitant dans un jour consume plus dix fois
Qu’il ne faut pour nourrir son village six mois :