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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/169

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Non, je serois gothique ; & le morne Barton,
Fier du superbe hôtel qu’il veut que l’on admire,
À de pareils discours se pâmeroit de rire.
Il est un luxe utile & décent, j’en conviens,
Permis aux grands états, aux grands noms, aux grands biens ;
Qui jusqu’au dernier rang refoulant la richesse,
Fait redescendre l’or qui remonte sans cesse.
Il est un autre luxe, au vice consacré,
De l’active industrie enfant dénaturé.
L’orgueil seul éleva ce colosse fragile,
Son simulacre est d’or, & ses pieds sont d’argile.
La vanité le sert, l’orgueil à ses genoux
Immole sans pitié, fils, femme, pere, époux.
Squélette décharné, son étique figure
Affecte un embonpoint qui n’est que bouffissure.
Sous la pourpre brillante il cache des lambeaux,
Et son trône s’élève au milieu des tombeaux.
Mais j’entends murmurer de graves politiques,
Gens d’état, financiers, auteurs économiques.
De leurs discours subtils j’aime la profondeur ;
Mais enfin avant tout il s’agit du bonheur.
Voyons : d’un luxe adroit les savans artifices
Ont de nos jours, dit-on, varié les délices.
Malheureux qui se fie à ses prestiges vains !
De nos biens, de nos maux, les ressorts souverains,