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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/173

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Et ceux-ci dans un wist hasarder sans effroi
Plus qu’en six mois entiers ils ne valent au roi !
Toutefois dans le luxe il est un trait que j’aime,
C’est qu’au moins il nous venge, & se détruit lui-même :
Et toujours son désastre est près de ses succès ;
Car dans un tems second en monstrueux excès,
En vain vous m’étalez des sottises vulgaires ;
Vite engloutissez-moi tout le bien de vos peres :
Ou dans votre quartier obscurément fameux,
Dans vos sallons bourgeois végétez donc comme eux.
Mondor de cet avis sentit bien l’importance.
Déployant dans son faste une noble insolence,
Mondor se ruinoit avec un goût exquis.
Boucher lui vendoit cher ses élégans croquis.
Géliote chantoit dans ses fêtes superbes,
Préville & Coqueley lui jouoient des proverbes.
Sa Laïs à prix d’or lui vendant son amour,
Traitoit aux frais du sot & la ville & la cour.
Enfin, son bilan vint : plus d’amis ; sa maîtresse
D’avance avoit ailleurs su placer sa tendresse.
Lui, sans pain, sans asyle, & d’un fatal orgueil
En habit jadis noir portant le triste deuil,
Dans quelque vieux grenier va cacher sa misere,
Et pour comble de maux… il est époux & pere.
Damis vous soutiendra, qui l’eût pu soupçonner ?