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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/184

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La moindre suspicion défavorable à la piété vous fait taxer d’encyclopédiste ; le nom de socinien fait trembler les voûtes du séminaire. Il ne faudroit qu’un tome des œuvres de J. J. Rousseau pour fouiller la maison & faire accuser son possesseur d’avoir porté la gangrene du libertinage dans tous les cœurs.

Tous ces prêtres futurs logent dans leur tête les mots qui obscurciront leur entendement & les feront déraisonner le reste de leur vie.

Mais tel jeune prêtre qu’on a disposé à des idées intolérantes, quand il a obtenu une cure à la campagne, au milieu de l’innocence & de la tranquillité des champs, environné de travaux rustiques, conçoit tout-à-coup le vuide des questions oiseuses, s’occupe d’objets champêtres, sourit à la nature, fait le bien, abandonne au milieu des plaines riantes & cultivées ce fatras indigeste qui surchargeoit son entendement dans ces solitudes où l’imagination échauffée se repaît d’idées creuses. Il est à remarquer que le corps le plus utile, les curés de campagne, ont passé par les séminai-