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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/191

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qui les a recueillis. Est-il au monde un spectacle plus touchant !

À qui appartiennent ces enfans ? Le prince & le savetier, l’homme de génie & l’imbécille ont pu également les procréer. Là, à côté d’un enfant de J. J. Rousseau, dort peut-être celui de Cartouche ! Dans cette crêche où tous ces berceaux sont placés, le sang le plus noble est confondu avec le plus abject. Que d’idées cette vue fait naître !

Séparés à jamais du sein maternel, privés des tendres caresses, des soins vigilans d’une mere, ils ne recevront point d’elle ces premieres instructions qui se gravent dans l’ame en traits ineffaçables. Ils ne prononceront pas même ce nom sacré. Quand le destin leur souriroit un jour, quand la fortune les combleroit de ses dons, jamais ils n’embrasseront les genoux d’un pere. La maison paternelle, asyle du bonheur domestique, le devoir filial, si consolant à remplir ; tous ces liens si doux, qui nous attachent à la société dès notre naissance & nous disposent