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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/192

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aux vertus, n’existent point pour eux. La société injuste les flétrit du nom de bâtards ; & pourtant qu’ont de commun ces enfans innocens avec le déréglement de ceux qui leur ont donné la vie ?

Huit mille enfans sont déposés chaque année dans cette maison. On les reçoit à toute heure, sans s’informer d’où ils viennent, & le lendemain ils sont emmenés à la campagne par des nourrices mercenaires, qui en prennent deux à la fois. Il en meurt à peu près la moitié dans les deux premieres années. Toutes ces foibles créatures, marquées en naissant du sceau de l’indigence, enveloppées de langes que la pitié a découpées d’un ciseau économe, sont destinées à une vie laborieuse & pénible. La charité active qui pourvoit à leur subsistance est encore impuissante ; le grand nombre épuise ses ressources. Quoiqu’abondantes, elles deviennent insuffisantes.

Pauvre enfant ! ce qui rend ton sort plus à plaindre, n’est point les travaux, la maladie, ni la mort ; la mort dans ton premier âge te