Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 192 )

rité, aller chercher à deux pas le grabat qu’elle leur accorde encore pour y expirer.

Non, je ne puis exprimer le sentiment pénible qui me saisit lorsque j’envisage ces bâtimens vis-à-vis l’un de l’autre. Pressé entre ces deux édifices, j’apperçois alors avec effroi tous les malheurs réservés à l’espece humaine.

En traversant ces salles où dorment dans la crêche tous ces enfans qui ne sentent pas encore leur infortune, en contemplant leur physionomie douce, gracieuse & touchante, une idée m’a frappé. Qu’il me soit permis de la proposer aux princes, aux grands, aux riches, à tous ceux enfin qui possedent un superflu considérable.

On a des manies puériles, vétilleuses, vicieuses ; & l’on n’en a point de vertueuses. Que d’argent pour des tableaux, des médailles, des bronzes, des fleurs, des coquilles, des oiseaux ! Comment ne se trouve-t-il point un amateur de l’enfance, de cet âge riant, aimable, qui fasse élever sous ses yeux des