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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/196

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Parmi tant d’individus, que de talens divers à cultiver ! que d’ames fortes à diriger au bien ! Il ne faudroit qu’un cœur pour payer vingt années de soins ; il ne faudroit qu’un homme de génie pour dédommager des frais d’éducation.

Il est bien étonnant que l’adoption connue chez les Romains, révérée par les sauvages, ne soit pas en usage parmi nous. La foule des nécessiteux augmentant chaque jour en proportion du nombre des riches, une loi qui établiroit l’adoption seroit sans doute une des plus utiles qu’on pût faire aujourd’hui en France. Le pere adoptif auroit tous les privileges de la paternité sans en avoir les chagrins ; il ouvriroit son ame à l’ame qu’il trouveroit sensible & reconnoissante ; & celui qui montreroit des inclinations vicieuses ne seroit plus son fils. L’enfant adopté perdroit totalement le nom de son pere & toute relation avec la source dont il sort.

Qui sait si l’histoire naturelle ne s’éclairciroit pas encore par cette loi bienfaisante ? Si