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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/203

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la beauté ce verre qui intercepte le rayon du miroir de l’ame, du foyer de l’amour, & qui lui enleve ce trait si délicat, si tendre, que l’ait & le caprice gâtent & défigurent ?

Que devient l’expression de cet organe éloquent, lorsqu’on ne peut l’appercevoir qu’à travers un crystal qui le fatigue ?

Que l’homme du jour craigne de montrer son ame toute entiere ; que, sachant qu’elle se réfugie dans les regards, il en voile le mouvement expressif ; que cette formule, favorisant son orgueil, le dispense de saluer, l’enleve aux rites officieux d’une politesse fatigante : je vois qu’il veut passer au milieu de la foule sans y reconnoître personne. Mais pourquoi cette affectation perpétuelle dans nos promenades & nos spectacles ? Est-ce parce que nos fats modernes ont entendu dire que les vues miopes appartiennent aux gens doués d’un entendement fin ?

Tandis que la lorgnette est dans la main de la hauteur & du dédain, la coquetterie