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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/241

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tout cela coucheroit. Il me répondit : plusieurs demeurent dans les environs ; mais le plus grand nombre n’use pas de draps blancs : car ils couchent tous ensemble sur de la paille, faisant chambrée commune.

Dans d’autres bouchons, j’ai eu occasion de voir ce qu’on appelle boire pinte, ou chopine. La pinte est sur une table de bois informe à deux pieds de distance d’un ménétrier qui fait danser une populace de déguenillés ; c’est un soldat & une servante qui boivent ensemble ; c’est le rire & la misere qui s’accollent près de ce vase de plomb enduit d’une crasse rouge.

S’il survient une rixe à la suite des fumées du vin frelaté, le jurement & la main partent ensemble ; la garde accourt, & sans elle cette canaille qui danse alloit se tuer au son du violon. La populace, accoutumée à cette garde en a besoin pour être contenue, & se repose sur elle du soin de terminer les fréquens débats qui naissent dans les cabarets.

Ce qu’il y a de singulier, c’est que cette soldatesque, ce guet qui met le hola, est com-