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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/242

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posé de savetiers habillés de bleu, qui le lendemain quand ils auront déposé leur fusil, seront arrêtés à leur tour s’ils font tapage, après avoir vuidé la pinte de plomb. Ainsi c’est le petit peuple qui agit sur le petit peuple, les recrues du guet ne manqueront point : on appelle ces soldats, les soldats de la Vierge Marie, parce qu’ils n’iront pas plus à la guerre que les soldats du pape. Quand on leur voit faite l’exercice, on rit involontairement. Toute la troupe est assurée d’une longue vie ; ils ne risquent que quelques taloches quand le délinquant est ivre & récalcitrant ; & alors serrant les menottes à celui qui a résisté, ils s’en vengent cruellement. Les coups de crosse de fusil, qu’ils n’épargnent pas à la populace, font plus de mal que le bâton des Chinois. Autrefois la troupe qui représente le guet, n’avoit que des houssines, ce qui ne blessoit pas comme le canon du fusil, ou comme les cordes tranchantes qui coupent les mains. Ils appellent cela, par dérision, ganter un homme. Quelquefois ils passent les bornes