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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/28

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la fabrique à de faméliques écrivains, & qui, après leur avoir tendu ce piege infernal à l’appât de quelqu’argent, alloit les dénoncer & les vendre au ministere.

Le même fourbe annonçoit avec toute l’apparence du zele, qu’il connoissoit l’asyle clandestin où se forgeoit la foudre satyrique. Il se faisoit payer ; il supposoit un voyage lointain, & le coquin receloit chez lui l’édition scandaleuse qu’il vouloit vendre au ministere, comme si elle lui avoit coûté beaucoup de recherches & de peines.

Ces malheureux, aveuglés par l’âpre soif d’un peu d’or, s’amusent des inquiétudes du ministere ; & plus ils le voient dans les transes de l’appréhension, plus ils se plaisent à grossir le danger & à redoubler ses alarmes.

La liberté a rendu le ministere d’Angleterre insensible aux libelles. Le dédain est sûr avant que l’ouvrage soit commencé. Si la satyre est ingénieuse, on en rit sans y croire ; si elle est plate, on la méprise. Mais de toutes façons, rien ne porte coup.