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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/29

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La licence chez ce peuple singulier s’étend jusqu’aux gravures. Les ministres y sont représentés sous des figures emblématiques ; le roi lui-même a sa caricature, suivant qu’il a plu à l’imagination du destinateur. Toutes ces estampes satyriques restent exposées en grand nombre devant toutes les boutiques. On passe, on regarde, on sourit, on leve les épaules & l’on n’y songe plus. Rien ne fait tort à l’homme public, ni peinture, ni livre ; ces charges se détruisent l’une par l’autre.

Le gouvernement François ne sauroit-il adopter en partie cette insouciance ? Un mépris plus caractérisé pour ces plumes viles & inconnues, qui cherchent à piquer la sensibilité de l’orgueil, dégoûteroit les lecteurs de ces satyres plates & mensongeres, dont ils ne sont si avides, que parce qu’ils s’imaginent que le gouvernement en est véritablement offensé.

Observons que ces écrits qui flattent plus ou moins la malignité publique, dissipent en étincelles fugitives un feu central, qui comprimé feroit peut-être le volcan.