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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/282

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chure. Tous les prétendus vengeurs de la religion ont voulu faire passer pour athées des hommes dont les écrits respirent la morale la plus saine & la plus intéressante. Cette accusation portoit autrefois des coups terribles, mais trop prodiguée, elle se détruit d’elle-même.

L’athée par systême est un être dangereux ; & l’homme le plus éclairé doit penser comme le peuple, qui juge par instinct que le plus ferme appui de la morale sera toujours dans la connoissance du grand Être qui scrute le fond des cœurs ; tandis que celui que n’environne pas cette majestueuse idée, est nécessairement plus près qu’un autre de tromper son semblable, de ne contraindre aucune de ses passions & d’immoler tout à lui-même.

Après y avoir long-tems réfléchi, j’affirmerai que j’aime encore mieux le fanatique que l’athée endurci dans son malheureux systême : par la même raison que je préférerois de me voir enfermé avec un furieux plutôt qu’avec un cadavre.