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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/281

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hommes qui ont mis dans leurs bouches, dans leurs écrits, ce qui n’étoit peut-être pas bien imprimé dans leur conscience. Ne croyez pas qu’ils aient digéré leurs idées licencieuses ; ils se sont étourdis pour étourdir les autres ; ils veulent paroître plus orgueilleux, plus insensés qu’ils ne le sont en effet. Au reste, le plus hardi ne sauroit franchir le doute ; & quand il dit je nie, cela veut dire je doute.

Avouons en même tems que l’esprit de parti s’est servi trop fréquemment du terme d’athée pour frapper tout adversaire & lui faire une blessure profonde. Le Janséniste appelle le Moliniste athée ; celui-ci le lui rend bien, & tous les deux crient à l’athéisme contre le philosophe.

Qu’un homme dans sa maison mette son pot au feu le vendredi, la dévote, en mangeant son brochet, décide qu’il est athée. C’est un reproche mutuel que la haine, & non l’amour de Dieu, enfante. Un habitué de paroisse appelle athée quiconque écrit une bro-