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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/285

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c’est une rumeur confuse, perpétuelle. Les mariniers ont peine à se communiquer les mots de la manœuvre. Quand deux coches viennent à se rencontrer, il s’élance de chaque tillac quelque voix forte en gueule, qui devient excitative pour tous les passagers. Alors c’est une bordée d’injures précipitées ; c’est à qui réduira son voisin aux abois. Les voix tonnantes & aiguës se répondent ; & les coches sont à deux cents toises, qu’une clameur prolongée vient encore porter à l’oreille une sottise modulée sur un ton particulier.

Il est donc impossible au gouvernement de lier la langue du Parisien. Affilée, aiguisée, babillarde, pétulante, elle s’exerce sur tout & par-tout. On babille dans le sallon doré, comme dans la tabagie enfumée ; on s’arrête dans les rues pour causer. Les voitures séparent les dialogueurs qui, malgré le danger & la remontrance du cocher, se rejoignent aussi-tôt pour achever leur phrase futile.

Est-ce dans l’organisation du Parisien qu’il faut chercher la source de ce déluge verbeux,