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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/286

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intarissable ? Les vers de Voltaire & les notes de Gluck ont occupé les babillards pendant des années entieres, & les journalistes ont reversé ensuite dans les feuilles périodiques ce débordement de paroles.

Les journalistes ne sont-ils pas des especes de babillards, qui entassent par jour, par mois, par semaine, des mots vuides de sens, & qui, pour démontrer le vice d’une période & la mauvaise structure d’un hémistiche, emploient à cette grande réformation plusieurs feuilles de papier ? Si l’intimé des Plaideurs remonte au-delà du déluge, tout journaliste ne commence-t-il pas son rapport par vous parler du siecle d’Auguste & du siecle de Louis XIV, & le tout pour infirmer la naissante célébrité d’un auteur ? N’a-t-on pas imprimé dix mille brochures sur la prééminence de Corneille ou de Racine ? N’a-t-on pas répété fastidieusement dans toutes les sociétés leur ennuyeux parallele, & les jeunes rimeurs savent-ils dire encore autre chose ?

Phocion appelloit les babillards, larrons