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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/291

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telle société infiniment aimable, & dans telle autre infiniment sot. Il parle de l’extrêmement bonne compagnie avec un sérieux, un flegme remarquable ; il se peint tout en laid, excepté son propre individu.

Le fat ne conçoit pas pourquoi l’on s’entretient journellement des artistes célebres, de tous ceux qui se distinguent dans les sciences & dans les arts, & pourquoi l’on n’a presque rien à dire de lui.

Mais les fats les plus curieux sont parmi les abbés de cour ; ils ont toujours des migraines, des rabats de gaze, des manteaux de soie, de petites graces maniérées. Ils parlent d’un ton modeste, de leur crédit ; ils ne veulent paroître ni philosophes ni dévots ; ils ont un amour-propre qui vise à toutes les sortes de distinctions : ce sont néanmoins les êtres les plus inutiles qui végetent à Versailles.

Il est aussi des fats parmi quelques écrivains qui s’encensent d’abord réciproquement, & se font passer les uns les autres pour de ces génies dont la nature est avare, & qu’elle pro-