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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/292

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duit avec effort. Cela va bien dans la même maison pendant sept à huit mois : mais au bout de ce tems, une brouillerie survient ; ces grands génies se tranchent l’un l’autre leur tête de colosse, & ne s’appellent plus que pygmée.

Quelle est l’ambition d’un fat de cette espece ? C’est le plus souvent de captiver la stupide administration de quelque plat personnage.

Le philosophe, jeté dans cette foule d’hommes à prétentions, se croit quelquefois obligé de sacrifier aux bizarreries & aux usages de la société. C’est une erreur de sa part, & qui est même désavantageuse à cette société ; car qui rompra le premier le torrent de ces folles habitudes, si ce n’est lui ? Qui osera s’écarter de la route commune, si ce n’est l’homme distingué par ses lumieres & par ses mœurs ?

Pourquoi donc le courage manque-t-il à celui qui a le front de braver la tyrannie ? C’est qu’il redoute le ridicule, arme légere & perçante du beau monde ; mais lorsqu’enfin