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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/296

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tamment ; on n’a voulu montrer que sa magnificence.

Le poëte qui dévore comme un loup, trouve que le tems des repas est furieusement abrégé. Il a beau se rabattre chez le fermier général, celui ci raccourcit ses repas comme le grand seigneur, & le financier lui-même n’a plus de ventre.

Ô comment le poëte n’a-t-il pas déjà fait une satyre contre ces repas succincts ! Il est passé le bon tems de la gourmandise. Le service change en un clin-d’œil, comme une décoration d’opéra. Mais qui mange là-bas, ne servant & n’écoutant personne, de très-mauvaise humeur pour peu qu’on l’interrompe ? C’est un académicien vorace ; il sait qu’il n’a pas de tems à perdre ; il regrette le siecle de Charlemagne, où l’on restoit quatre heures à table. Ô quelle force prodigieuse a l’estomac d’un académicien ! Venez-le voir manger. Cela est plus curieux que tout ce qu’il pourroit vous dire.

C’est à table, c’est à la clarté des bougies