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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/99

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loi qui éleve des grilles, des verroux, des portes pour condamner ces malheureux prisonniers des deux sexes, à des plaintes & à des tourmens qui se renouvellent à la naissance de chaque aurore.

Je n’ai jamais vu une religieuse placée derriere une grille de fer, sans la trouver souverainement aimable ; il n’y a point d’ornement qui vaille cette guimpe. Ce voile, ces habits lugubres, la mélancolie de leurs regards, qui dément leur parole ordinairement vive & précipitée ; l’impossibilité de changer leur état, le sentiment que tant de charmes sont perdus, & que le soupir de l’amour malheureux sera éternel dans leur cœur ; tout m’attriste devant la barriere impénétrable, que rien ne peut briser. Quand je m’éloigne, je sens avec amertume qu’il n’est point au pouvoir d’un mortel d’adoucir les maux de ces infortunées. Elles ont sans doute quelque jouissance qui leur aide à supporter le fardeau de la vie. Mais tout me dit qu’il n’y a plus de félicité pour elles ; & je répete