Page:Mercure de France - 1899 - Tome 32.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
l’œuf de cristal

comme d’une tour ou d’un mât. À l’est et à l’ouest, à une distance fort lointaine, la plaine était bornée par de vastes rochers rougeâtres, qui lui rappelaient des rochers qu’il avait vus dans quelque tableau ; mais quel était ce tableau, M. Wace ne put le déterminer. Ces rochers passaient vers le nord et vers le sud, — M. Cave reconnaissait les points cardinaux aux étoiles visibles dans la nuit, — fuyant en une perspective presque illimitée et s’effaçant dans les brumes du lointain avant de se rencontrer. Lors de sa première vision, il était plus près de la chaîne orientale de rochers, sur laquelle se levait le soleil ; et sombres contre le jour, et pâles contre l’ombre, apparurent, prenant leur vol, une multitude de formes, que M. Cave considéra comme étant des oiseaux. Une vaste rangée d’édifices s’étendait sous ces êtres ; il lui paraissait toujours les regarder d’une fort grande hauteur, et à mesure qu’ils approchaient des bords réfractés et confus du tableau, ils devenaient indistincts. Il y avait aussi des arbres curieux de forme et de couleur ; un épais vert mousseux et un gris exquis au bord d’un large, et scintillant canal. Un grand objet brillamment coloré traversa soudain le paysage. Mais la première fois que M. Cave vit ces choses, ce fut seulement par éclairs soudains ; ses mains tremblaient, sa tête branlait, la vision était intermittente, puis devenait embrouillée et indistincte, et il eut d’abord une très grande difficulté à retrouver la vision, une fois la direction perdue.

Sa seconde vision claire, qui se produisit environ une semaine après la première, l’intervalle n’ayant accordé que des aperçus tentateurs et quelques utiles expériences, lui permit de voir la vallée