ce matin venant de cette direction, me dit le lieutenant. Que se prépare-t-il par là ?
Sa voix et son regard disaient toute son inquiétude. Les hommes derrière lui nous dévisageaient curieusement. L’artilleur sauta du talus sur la route, rectifia la position et salua.
— Ma pièce a été détruite hier soir, mon lieutenant. Je me suis caché. Je tâche maintenant de rejoindre ma batterie. Vous apercevrez les Marsiens, je pense, à un demi-mille d’ici en suivant cette route.
— Comment diable sont-ils ? demanda le lieutenant.
— Des géants en armure, mon lieutenant. Trente mètres de haut ; trois jambes et un corps comme de l’aluminium, avec une grosse tête effrayante dans une espèce de capuchon.
— Allons donc ! dit le lieutenant, quelles sottises !
— Vous verrez vous-même, mon lieutenant. Ils portent une sorte de boîte qui envoie du feu et qui vous tue d’un seul coup.
— Que voulez-vous dire ?… Un canon ?
— Non, mon lieutenant — et l’artilleur entama une copieuse description du Rayon Ardent. Au milieu de son récit, le lieutenant l’interrompit et se tourna vers moi. J’étais resté sur le talus qui bordait la route.
— Vous avez vu cela ? demanda le lieutenant.
— C’est parfaitement exact, répondis-je.
— C’est bien, fit le lieutenant. Mon devoir est d’aller m’en assurer. Écoutez, dit-il à l’artilleur, nous sommes détachés ici pour avertir les gens de quitter leurs maisons. Vous ferez bien d’aller raconter la chose vous-même au général de brigade