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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/555

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girart de roussillon

en barons et entouré d’amis[1], aime Dieu et la paix, et demeure en repos. » Le roi fut sage : il suivit les conseils du pape et fit faire je ne sais combien de moutiers royaux[2].

637. Les jeunes guerriers dirent alors : « La guerre est finie, il n’y aura plus guet-apens, plus de chevaliers frappés, d’écus brisés, et ceux qui ont été à la peine seront méprisés, tandis que les ducs[3] seront aimés pour avoir fait la paix. — Que personne ne se décourage pour cela, » dit Fouque ; « je leur donnerai de bon gré vivres et vêtements, si même je ne leur donne davantage. »

638. Fouque parla à Girart et à Charles : « Maintenant, voyez à ce que chacun de vous, comtes, demaines, riches barons, donne aux pauvres chevaliers de quoi assurer leur subsistance. Amènez-les à la montre[4] ainsi qu’il a été établi dans le pays[5] pour défendre la terre, lorsqu’il en sera semons. Et s’il y a de riches avares au cœur félon, à qui l’entretien[6] et les dons coûtent trop, qu’on leur enlève la terre et qu’on la donne aux vaillants[7], car trésor mis en réserve ne vaut pas un charbon. »

  1. Traduction douteuse. Le vers manque dans P.
  2. Moutiers fondés par le souverain et exempts de la juridiction épiscopale. Les abbés en étaient nommés par le roi ; voy. Du Cange, monasteria regalia.
  3. Girart et Fouque.
  4. Pour être enrôlés.
  5. En la reion que je traduis par « dans le pays », n’est guère qu’une cheville. L’auteur cependant peut avoir voulu faire allusion, sans s’expliquer avec assez de clarté, à une répartition du contingent établie pour tout le pays, c’est-à-dire pour toutes les seigneuries relevant du roi. Les mêmes idées vont être exprimées plus nettement à la tirade suivante. Il y a ici une tentative remarquable à l’effet de constituer une armée à peu près permanente, tous les seigneurs étant tenus de fournir la liste, la montre, des hommes d’armes qu’ils pourraient, en cas de besoin, mener à leur suite.
  6. Des hommes d’armes.
  7. Idée qui a été plus d’une fois exprimée au moyen âge : voy. Daurel et Beton, p. xc.