Aller au contenu

Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
ACH

dissiper, prouve qu’il ne pensait pas même à ce que lui prescrivait sa sûreté. Il aima avec passion les plaisirs et l’argent ; il n’en fut pas moins ami des sciences ; et, sous ses auspices une imprimerie fut établie pour la première fois à Constantinople, en 1727. Des mœurs douces et un caractère humain rendaient Achmet III digne d’un meilleur sort ; il mourut d’une attaque d’apoplexie, à l’âge de 74 ans, le 23 juin 1736, cinq ans et huir mois après sa déposition, E-d.


ACHMET, dey d’Alger, monta sur le trône le 30 août 1805, à la suite d’une révolution dans laquelle son prédécesseur Mustapha fut massacré. Aussi avare que féroce, il permit à sa milice le pillage des juifs, fit périr par les supplices un grand nombre de personnes, et, en moins de trois ans, combla la mesure de tous les crimes. Sa milice s’étant soulevée pour lui nommer un successeur, le 7 novembre 1808, Achmet voulut négocier, offrit le pillage des Maures, demanda enfin qu’on le laissa partir pour le Levant : tout lui fut refusé. Ses soldats forcèrent son palais, le tuèrent d’un coup de fusil, portèrent sa tête en triomphe dans la ville, et traînèrent son corps mutilé hors des portes. B-p.


ACHMET-BACHA servit sous Soliman Ier au siége de Rhodes, en 1522. D’abord il conduisait une division de la formidable armée des Turcs, commandée par le favori du sultan, Mustapha, jeune homme sans expérience. Quand Soliman, furieux des pertes que ses troupes avaient faites dans divers assauts, eut destitué Mustapha, Achmet reçut le commandement, et pressa les attaques avec vigueur. Après la plus héroïque résistance, le grand maître Villiers de l’Ile-Adam fut obligé de capituler, et fit présenter à Achmet, par des députés, le traité fait entre le grand maître d’Aubusson et Bajazet, par lequel ce sultan donnait sa malédiction à celui de ses successeurs qui en violerait les conditions. Quand le fougueux Achmet eut jeté les yeux sur ce papier, il le mit en pièces, le foula aux pieds, et chassa les députés. Sachant toutefois avec quelle ardeur Soliman désirait que la capitulation fût conclue, il traita de nouveau, et accorda même aux chevaliers des conditions assez douces. Il agit ensuite avec assez de loyauté, et réprima le pillage. Lorsque l’île fut conquise, Achmet, qui avait tant contribué à la soumettre au pouvoir de Soliman, leva l’étendard de la rébellion contre son prince, et il offrit aux chevaliers de leur rendre la possession de Rhodes ; mais il ne put réussir dans ce projet, ayant été tue, peu de temps après, par le bacha Ibrahim, qui envoya sa tête il Constantinople. D-t.


ACHMET-GIÉDICK, grand vizir de Mahomet II, surnommé Giédik, c’est-à-dire le brèche-dent, prit Caffa aux Génois, soumit la Crimée, et fit une descente en Italie, à la tête d’une armée nombreuse. Il ravagea la Pouille, et ne poussa pas plus loin ses succès, parce que Mahomet, son maître, le rappela pour l’opposer, sur les frontières de la Perse, à Ussum-Cassan, qui menaçait les provinces asiatiques. Achmet-Giédik resta grand vizir du successeur de Mahomet II. Il fut un des plus grands guerriers dont les annales ottomanes aient consacré le souvenir ; mais il offre, de plus, un des plus beaux caractères qui puissent honorer une nation. Mahomet II faisait la guerre en Asie, il avait emmené avec lui Bajazet, son fils, encore très-jeune. Au moment de livrer une bataille, le sultan envoya le grand vizir examiner comment le shézada avait dispose le corps qu’il commandait. Le sévère Achmet ayant adressé des reproches assez vifs à l’héritier du trône, devant toute l’armée, Bajazet, offensé, le menaça de le punir quand il serait devenu son maître : « Que me feras-tu ? reprit le vieux guerrier. Je jure, par l’âme de mon père, de ne jamais ceindre le cimeterre pour ton service. » Bajazet, monté sur le trône, passa en revue l’armée ottomane. Le grand vizir Achmet parut à la tête des spahis ; mais son cimeterre était attaché au pommeau de sa selle : « Là, là, mon père, lui dit le nouveau sultan, en s’approchant de lui, tu te souviens des fautes de ma jeunesse ? Reprends ton cimeterre, et frappe mes ennemis avec ta valeur accoutumée. » Achmet ne put résister à tant de grandeur d’âme ; il pardonna, et continua de vaincre pour Bajazet, comme il avait fait pour Mahomet II. Plus sensible à l’honneur ottoman que son maître lui-même, il osa blâmer hautement le traité honteux par lequel Bajazet II s’était soumis, en 1482, à traiter avec les chevaliers de Rhodes. Offense de sa hardiesse, et prévenu contre lui par les nombreux ennemis de sa faveur et de ses vertus, le sultan fit jeter Achmet-Giédik au fond d’une prison. À cette nouvelle, tous les janissaires coururent au sérail, jurant que la tête même de Bajazet répondrait de celle de leur vieux général, l’idole du peuple et de l’armée. Le sultan, effrayé, se vit force de relâcher sa victime. Achmet excusa son maître, apaisa la multitude, et rendit au sultan une sécurité qu’il n’espérait pas pour lui-même. En effet, Bajazet pardonne le crime, parce que les coupables étaient en trop grand nombre ; mais il ne pardonna pas le bienfait. Le grand vizir, rentré en apparence dans toute la faveur de son injuste maître, fut attiré par lui hors de la capitale, et l’ayant suivi à Andrinople, le vertueux et brave Achmet-Giédik fut étrangle en secret par l’ordre de Bajazet II, vers l’an 1482. S-y.


ACHMET-PACHA fut choisi pour grand vizir par Soliman Ier, à l’époque de la fin tragique du prince Mustapha, mis à mort au milieu du camp, dans la propre tente de son père. L’indignation de l’armée venait d’obliger Soliman à déposer Rustan, accusé par la voix publique ; Achmet-Pacha avait la faveur des Ottomans, et la méritait par sa bravoure, par sa justice et sa fermeté ; mais il était haï de Roxelane. Tous ces titres à l’estime ne furent que des crimes aux yeux de cette sultane, dont l’ambition ne voulait que des complices ou des esclaves soumis. C’était par ses artifices que Mustapha avait péri ; et, pour frayer le chemin du trône à Bajazet, prince né d’elle et de Soliman, elle faisait verser à ce père aveugle le sang de ses propres fils. Bajazet, le seul de tous qui fût coupable, suscita un imposteur qui prit les armes sous le nom de Mustapha, Le grand vizir Achmet eut ordre de marcher