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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/140

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ACI

contre lui ; il le combattit, et le fit prisonnier. En vain Roxelane lui envoya secrètement la défense de faire subir la torture au faux Mustapha ; Achmet, qui ne connaissait qu’un maître, livra l’imposteur aux tourments, et arracha l’aveu de l’odieuse trame, qui devint publique. L’adroite sultane parvint néanmoins à sauver son fils et à perdre le fidèle vizir. Elle le fit accuser de concussion ; crime vague et toujours vraisemblable aux yeux d’un sultan. Achmet entrait dans le divan, lorsqu’un chiaoux vint lui présenter l’ordre du sultan qui demandait sa tête. « Je mourrai, » répondit-il, en regardant fièrement le sinistre messager ; et comme celui-ci s’approchait pour exécuter l’ordre de Bajazet : « Retire-toi, lui dit Achmet, tes mains viles ne sont pas dignes de toucher à un grand vizir. » Il porta en même temps les yeux sur l’assemblée, et voulut que la main d’un ami jetât à son cou et serrât seule le cordon dont il fut étranglé sans proférer un murmure, l’an de l’hégire 951 (1554 de J.-C.). S-y.


ACIDALIUS (Valens), né en 1567, à Wistoch, dans la Marche de Brandebourg, était encore enfant quand il perdit son père. Il fit ses études à Rostoch ; et des l’âge de dix-sept ans, il composait des poésies latines. Il accompagna, en 1589, Jean Casel à Helmstadt pour y continuer ses études, et il y publia quelques-unes de ses poésies qui ont été réimprimées après sa mort, à Liegnitz, en 1603, avec celles de Janus Lernutius et de Janus Guillelmus. On les trouve encore dans le premier tome des Deliciæ Poetarum germanorum. Plusieurs pièces d’Acidalius ont été insérées dans le deuxième volume de l’Anphiteatrum Sapientiæ socraticæ jocoscriœ, de Gaspar Dornavius, Hanau, 1619. De Helmstadt, Acidalius se rendit en Italie ; où il obtint l’estime et l’amitié des savants les plus distingués. Les lettres avaient fait jusqu’alors sa principale occupation ; il étudia la médecine, et se fit recevoir docteur, sans abandonner pourtant ses premiers travaux : pour cet art qu’il ne pratiqua même jamais. Avant d’arriver en Italie, il avait commencé à commenter Velleius Paterculus. Son édition de cet auteur parut à Padoue, en 1592, in-12. Il avait adopté le texte de l’édition de Schegkius ; mais il y inséra les corrections déjà indiquées par divers savants qui lui parurent indubitables, et il indiqua en marge celles qui lui semblaient moins certaines ; il rejeta les leçons qu’il trouva vicieuses : il plaça dans ses notes ses propres leçons. Son travail a trouvé des détracteurs : Boecler, J. Mercier et Burmann surtout ont accusé Acidalius de trop de hardiesse. On a prétendu qu’il avait condamné lui-même cette production précoce : cependant il faut que ses contemporains lui aient rendu plus de justice, car on a réimprimé ses observations dans l’édition du même auteur qui parut à Lyon, en 1593, in-8o, et on les a encore ajoutés, après sa mort., à l’édition de Tacite qui fut imprimée à Paris, en 1608, in-fol. Acidalius a eu principalement pour antagonistes ceux qui ne veulent rien laisser à l’imagination, et qui n’approuvent que les leçons qui sont appuyées de l’autorité de quelque manuscrit ; mais les plus habiles critiques reconnaissent le mérite de son travail, et conviennent qu’il s’est principalement occupé de la latinité ; que ses remarques, toutes critiques, portent sur les passages les plus difficiles et les plus corrompus. Après trois ans de séjour en Italie, il revint en Allemagne et s’arrêta d’abord à Breslau, ensuite à Neiss, ou il embrassa la religion catholique. Il demeura chez J.-M. Wacker, alors chancelier de l’évêque et grand ami des sciences, et commença ses travaux critiques, en commentant Quinte-Curce, Plaute, les douze Panégyriques anciens, Tacite et quelques autres auteurs. Il publia lui-même, à Francfort, en 1594, in-8o, ses Animadversiones in Q. Curtium. On a porté sur ce travail le même jugement que sur les interprétations de Paterculus. Cependant ces commentaires se trouvent aussi dans l’édition de Quinte-Curce donnée à Francfort, en 1597, et dans celle qui a été publiée par Henri Snakenburg, à Leyde, en 1724, in-4o. La mort, qui vint le surprendre, le 25 mai 1595, à l’âge de 28 ans, l’empêcha de donner au public ses autres ouvrages. Ses observations sur Plaute étaient alors sous presse : elles parurent l’année suivante, in-8o, Francfort, 1595 et 1607 ; elles se trouvent aussi dans la Lampes critica, de Janus Gruter, in-fol. Ces observations montrent le savoir et la sagacité de l’auteur : Barthius en faisait grand cas. Juste-Lipse a déclaré, dans une lettre à Jacques Monavius, que si Acidalius eût vécu plus longtemps, il aurait été une des perles de l’Allemagne. Ce fut aussi en 1607 qu’on imprima les Remarques d’Acidalius sur les Panégyriques anciens et celles sur Tacite : les premières parurent avec l’édition de ces Panégyriques donnée par Janus Gruter, à Francfort, en 1607, in-12 ; elles sont discutées et comparées avec les remarques d’autres savants, dans la belle édition des Panegyrici veteres, Utrecht, 1790, in-4o ; les secondes furent publiées par Chrétien Acidalius, frère de Valens, Hanau, 1607, in-8o.. Ces dernières se trouvent aussi dans l’édition de Tacite, imprimée à Paris, 1608, in-fol. ; et dans celle de Jean-Frédéric Gronovius, Amsterdam, en 1635, in-4o, et 1673, 2 vol. in-8o. Le cas que Juste Lipse et Gronovius ont fait de ses observations, puisqu’ils les ont ajoutées à leurs éditions, suffit pour attester leur mérite. Enfin, on a de Valens Acidalius des notes sur Ausone insérées dans l’édition que Jacques Tollius a donnée de cet auteur, Amsterdam, 1671, in-8o, et des notes sur le dialogue de Oratoribus de Quintilien, qui ont été ajoutées à l’édition de Tacite, par Gronovius, Utrecht, 1721, in-4o, t. 1, p. 507. On voit, par ses lettres, qu’il avait aussi écrit des remarques sur Apulée et sur Aulu-Gelle ; mais elles n’ont pas été imprimées. Chrétien Acidalius, qui a publié les notes de son frère sur Tacite, a aussi fait imprimer à Hanau, en 1606, in-8o, un recueil de ses lettres, intitulé : Epistolarum centuria una, cui accesserunt Epistola apologetica ad clariss. virum Jac. Monavium, et Oratio de vera carminis elegiaci natura et constitutione. Chrétien, dans sa préface, cherche à défendre son frère contre les bruits calomnieux que les ennemis qu’il s’était attirés par sa