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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/25

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ABA

l’Égypte, conquises par Holakou-Kan, et qui étaient soustraites à sa domination. Il y envoya, en 1280, son frère, Mankou-Tymour, avec une armée considérable. Ce prince fut défait par Calaoun, sultan d’Égypte, et forcé de s’enfuir à Bagdad, où il mourut. Abaca-Kan se rendit aussitôt dans cette ville pour y faire les préparatifs d’une nouvelle expédition qu’il devait commander en personne ; mais des troubles, qui s’élevèrent dans ses États le forcèrent de retourner à Hamadan. On l’avait soupçonné d’être favorable à la religion des chrétiens. Après avoir assisté à une cérémonie religieuse, dans une de leurs églises, à Hamadan, il se rendit le lendemain à une fête magnifique à laquelle un seigneur persan l’avait invité : il y fut saisi d’un mal subit, et mourut presque aussitôt, en 680 de l’hégire (1282 de J.-C.). On prétendit qu’il avait été empoisonné et l’on pensa même que son premier ministre n’était pas étranger a ce crime. Abaca-Kan fut un prince juste et bon ; sous son règne, qui dura 17 années lunaires, le peuple et le soldat jouirent d’un bonheur constant : les ruines de Bagdad furent relevées par ses soins. Il réunissait sous son empire le Khoraçan, l’Adzerbaïdjan, le Farsistan, les deux Irac, le Khouzisthan, le Dyar-Bekir, et une grande-partie de l’Asie Mineure. Amed-Kan, son frère lui succéda. J-n.


ABAD Ier (Mohamed-Ben-Ismael-Aboul-Cacem-Ben) premier roi maure de Séville, de la dynastie des Abadytes, était d’origine syriaque (un de ses ancêtres étant venu d’Emesse s’établir à Tocina, sur le Guadalquivir, sous le règne d’Abd-el-Bahman Ier). Possesseur d’un riche héritage, Abad devint, au commencement du 11e siècle, un des principaux musulmans de Séville. Ses manières populaires et ses largesses lui gagnèrent tous les habitants, qui, fatigués de leurs déchirements politiques depuis la chute des princes ommiades, reconnurent Abad pour leur souverain. Ce prince parvint à assurer sa puissance, et ajouta à son royaume celui de Cordoue, dont il fit périr le roi. Aucun monarque de ce temps-la n’égalait Abad dans l’art de gouverner les hommes, et ne savait, comme lui, tempérer la sévérité par la douceur. Il mourut après un règne de 26 ans, l’an 433 de l’hégire (1041 de J.-C.), laissant la couronne à son fils Abou-Amrou-Ben-Abad, qui recula encore les bornes de son royaume, et eut un règne heureux et paisible. B-p.


ABAD III (Mohamed-Al-Motamed-a-l’Allah Ben), petit-fils du précédent, succéda, l’an 461 de l’hégire (1068), à son père, Abou-Amrou, roi de Séville. Abad unissait à l’éclat de la puissance souveraine toutes les qualités de l’esprit et du cœur, un goût éclairé pour les beaux-arts, et surtout pour la poésie qu’il cultivait avec succès. À peine fut-il monté sur le trône qu’il rassembla une armée considérable, reprit Cordoue, s’empara de Malaga et de Murcie, et fit aux chrétiens une guerre longue et active. Maître de Séville et de l’ancienne Cordoue, de l’Estramadure et d’une partie du Portugal, Abad passait pour le plus formidable des rois maures d’Espagne, et le seul qui put inquiéter la Castille, déjà puissante à cette époque. Humain et généreux, il s’empressa de donner asile dans ses États à Garcie, roi de Galice, que ses sujets avaient laissé sans appui contre un frère ambitieux. Alphonse VI, roi de Castille, après avoir fait la guerre à Abad, rechercha son alliance, et obtint en mariage sa fille Zaidah, avec plusieurs places importantes pour dot. Cet hymen causa la chute d’Abad. Les petits rois maures, ses voisins et ses tributaires, alarmés de son alliance avec un prince chrétien, sollicitèrent l’appui de Youçouf-Tachefyn, roi de Maroc. Celui-ci vint attaquer Alphonse, et le défit en bataille rangée ; de là, tournant ses armes contre le roi de Séville, son ancien allié, il lui enleva Cordoue, et assiégea sa capitale. Il se préparait à donner l’assaut, lorsque Abad vint se mettre, avec ses enfants, à la discrétion du vainqueur. Tachefyn le fit charger de chaines, et l’envoya dans une prison en Afrique, où ses filles furent obligées de travailler de leurs mains pour le nourrir. L’infortuné monarque vécut quatre ans dans cette situation. On a de lui des poésies composées durant sa captivité ; il y consolait ses filles, rappelait sa grandeur passée, et se donnait en exemple aux rois qui osent compter sur la fortune. En lui finit la dynastie des Abadytes, qui avait régné 60 ans sur l’Andalousie. B-p.


ABADIE (D’). Voyez Dabadie.


ABAFFI ou APAFFI (Michel), fils de Georges l Abaffi, magistrat à Hermanstadt, fut élu prince de Transylvanie en 1661. L’empereur Léopold, qui regardait la Transylvanie comme une barrière utile entre ses États et l’empire ottoman, avait fait élire vayvode, par la diète transylvaine, son protégé Jean Kemeni ; mais Ali-Pacha, qui commandait l’armée turque, forma le dessein de lui donner un antagoniste, et de faire nommer par les villes qui étaient restées dans les intérêts de la Turquie, un prince qui fût sous la protection immédiate de la Porte. Les députes transylvains désignèrent Michel Abaffi qui, par sa prudence et son courage, s’était acquis une considération méritée. Lorsque les envoyés d’Ali se présentèrent au château d’Ebestwalve, résidence de Michel Abaffi, ils le trouvèrent à peine remis des maux qu’il avait soufferts chez les Tartares qui, l’ayant fait prisonnier ans une rencontre, ne lui avaient rendu la liberté que pour une forte rançon. Il prit avec autant de fermeté que de courage les rênes d’un État dont la possession lui était disputée par un rival puissant, et que soutenait l’Autriche. Mais Kemeni ayant été tue dans une bataille contre les Turcs, près de Schesbourg, le 23 juin 1662, Abaffi fut reconnu dans toute la Transylvanie. La paix de Temeswar, en 1664, lui assura cette souveraineté, sous la condition toutefois de payer tribut a la cour de Vienne et à la Porte. Il régna alors paisiblement sous la protection de cette dernière puissance, et acquit même les villes de Clausembourg. Zeckelheit et Zatmar. Placé entre les Polonais, les impériaux et les ottomans. Abaffi mit toute son adresse à ne mécontenter aucune de ces puissances ; mais croyant ensuite qu’il était de ses intérêts de soutenir les rebelles de Hongrie, il déclara la guerre à l’Empereur, et justifia son agres-