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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/522

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ALM

Après avoir dispersé les Péruviens révoltés, il se rendit maître de Cusco par surprise, mit en arrestation les frères de Pizarre, et se fit reconnaître pour capitaine général. Il attira d’abord sous ses drapeaux, par la ruse, un corps d’Espagnols que Pizarre lui avait opposé ; mais celui-ci, après avoir rassemblé à Lima une nombreuse armée d’Indiens et d’Espagnols, marcha contre Almagro, et les deux partis en vinrent aux mains, sous les murs de Cusco, le 25 avril 1538. Almagro fut vaincu. Fait prisonnier et condamné à mort à l’âge d’environ 75 ans : on l’étrangla dans sa prison, avant de le décapiter publiquement. Ce vieux capitaine, après avoir signalé tant de fois son courage dans les combats, montra de la faiblesse en présence de ses juges et dans ses derniers moments. Ses partisans seuls le regrettèrent : il était d’un caractère impérieux et cruel. Il eut encore plus de part que Pizarre à la mort de l’inca Atahualpa. (Voy. ces deux noms.) B-p.


ALMAGRO (Diégo d’), fils unique du précédent et d’une Indienne de Panama. Son père. connue s’il eut pressenti qu’il le vengerait un jour, lui avait résigné son gouvernement au moment de sa condamnation. Doué de qualités heureuses, le jeune Almagro eut bientôt pour amis tous les anciens officiers de son père. qui d’ailleurs le regardaient comme son successeur légitime. Aigris par le malheur, ils conspirèrent contre Pizarre. l’égorgèrent, et proclamèrent, en 1541, Almagro gouverneur général du Pérou ; mais ce triomphe ne fut pas de longue durée. Attaqué l’année suivante, et vaincu en bataille rangée, par le juge royal Vaca de Castro, il fut pris et condamné à subir le même sort que son père, sur la même place, et par la main du même bourreau. Quarante de ses amis furent exécutés en même temps. B-p.


ALMAIN (Jacques), natif de Sens, docteur en théologie à Paris, en 1512, professeur au collège de Navarre, fut enlevé, en 1513, par une mort prématurée. Une vie si courte ne l’empêcha pas de publier un assez grand nombre d’ouvrages, dont plusieurs font honneur à ses sentiments et à son érudition. Ils consistent en traités de logique, de physique, de morale et de théologie : les deux plus importants sont : 1° de Autoritate Ecclesiæ, seu sacrorum conciliorum cam reprœsentantium, etc., contra Th. de Vio, qui his diebus suis srciptis nisus est Ecclesiæ Christi sponsæ potestatem enervare, Paris. 1512, in-4o. Almain, tout ligueur qu’il était, y défend la doctrine du concile de Pise, contre Cajetan. 2° De Potestate ecclesiastiva et laicali contra Ockman, ouvrage curieux. Ces deux traités sont dans l’édition des ouvrages d’Almain, Paris, 1517, in-fol. Dupin les a insérés dans celle des œuvres de Gerson. On a encore de ce théologien un ouvrage intitulé : Moralia, Paris, 1525, in-8o, gothique ; il ne se trouve pas dans l’édition de 1517. T-d.


ALMAMOUN ou AL-MAMONT, 7e calife abbasside. Voyez Mamoun et Mohammed Aben-Amer


ALMANZOR. Voyez Mansour.


ALMEIDA (don François d’), comte d’Abrantès, accompagna, jeune encore, Emmanuel, roi de Portugal, à la cour de Ferdinand et d’Isabelle, et servit avec distinction dans la guerre de Grenade contre les Maures. Nommé vice-roi des Indes portugaises, en 1505, il passa en Asie, sept ans après que Vasco de Gama eut frayé la route du cap de Bonne-Espérance, et contribua beaucoup, par sa prudence et sa valeur, aux vastes conquêtes de sa nation. En 1508, il détruisit la flotte que le soudan d’Égypte avait armée pour disputer aux Portugais le commerce de l’Inde ; il combattit avec le même succès les nombreux ennemis qui s’opposaient à l’établissement des Portugais en Orient, et gouverna les colonies naissantes avec autant de fermeté que de sagesse. Pendant son administration, les Portugais découvrirent les îles Maldives, Ceylan et Madagascar, à laquelle le vice-roi donna le nom de St-Laurent. Il projetait de réduire toute la côte du Malabar sous l’obéissance d’Emmanuel ; mais, ayant eu de violents débats avec Albuquerque, dont il refusa de reconnaître l’autorité dans les Indes, il résigna sa vice-royauté, et s’expliqua pour retourner en Europe jouir du fruit de ses longs travaux. Ayant relâche dans la baie de Saldanha, auprès du cap de Bonne-Espérance, les gens de sa suite prirent querelle avec les Cafres. et coururent aux armes, malgré l’avis et les remontrances d’Almeida. Entrainé lui-même à ce combat indigne de son courage, il fut percé à la gorge d’une flèche qui termina sa carrière, le 1ermars 1509. Il semblait avoir prévu sa destinée. « Eh ! mes amis, disait-il aux Portugais de son équipage où conduisez-vous un homme de soixante ans, qui a défait tant de flottes et tant d’armées ? » Ferdinand et Isabelle prirent le deuil en apprenant la mort de ce grand homme dont le désintéressement égalait la bravoure. François Almeida laissait en effet des exemples de vertus qui furent rarement imités de ses successeurs. E-d.


ALMEIDA (don Laurent d’), fils du précédent, suivit son père aux Indes, reconnut lui-même les îles Maldives, et ensuite celle de Ceylan, dont il contraignit le principal monarque à se soumettre au roi de Portugal. À son retour de cette expédition, il alla joindre la flotte portugaise qui devait assiéger Calient, et donna de grandes preuves de valeur dans un combat naval contre les Turcs, où il perdit la vie. Affaibli par plusieurs blessures, il se fit attacher au mat, et ne cessa d’exhorter les siens, que lorsqu’un coup de mousquet l’eut atteint dans la poitrine. Son père, apprenant cette perte, dit qu’il remerciait Dieu d’avoir accordé à son fils une mort si honorable. B-p.


ALMEIDA (Emmanuel el), né à Vizeu, en Portugal, en 1580, entra dans l’ordre des jésuites à l’âge de dix-huit ans, et fut envoyé aux Indes, où, après avoir fini ses études, il devint recteur du collège de Bacaim. En 1622, le général des jésuites, Vitelleschi, l’envoya comme ambassadeur auprès du roi de l’Abyssinie, sultan Segued. Ce prince eut pour lui beaucoup d’égards ; mais son successeur Faciladas le chassa du royaume, ainsi que les autres jésuites. Retourné à Goa en 1634, il fut élu provincial de son ordre dans l’Inde. et inquisiteur. Il mourut à Goa,