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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/609

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AMO

restent de ce prélat donnent une idée avantageuse de son esprit et de son savoir. Le principal est une lettre curieuse à Théobalde, évêque de Langres, sur de prétendues reliques apportées de Rome, par des moines vagabonds, et sur des convulsions que des femmes éprouvaient auprès de ces reliques, et qu’on voulait faire passer pour des miracles. « Les miracles, dit Amolon, rendent souvent la santé aux malades, mais ils ne l’ôtent jamais, non plus que l’usage de la raison à ceux qui y ont foi. » Sa lettre à Gotescale, où il réfute les erreurs attribuées à ce moine infortuné, est écrite avec beaucoup de modération. Rien n’eut été plus propre à le tirer de ses erreurs, s’il eut été coupable, que le ton de charité et l’adresse qu’emploie le respectable prélat. On a encore de lui des opuscules sur la grâce et la prédestination, où les matières sont traitées suivant les principes de St. Augustin. Tous ces écrits ont été insérés dans l’édition d’Agobard que Baluze donna en 1666, d’où ils sont passes dans la Bibliotheca Patrum. On attribue à Amolon un petit traité contre les Juifs rempli d’érudition, que le P. Chifflet publia, en 1656, à Dijon, sous le nom de Raban Maur. T-d.


AMONTONS (Guillaume), naquit à Paris, le 31 août 1663. Dans sa jeunesse, il essuya une maladie considérable, qui le rendit presque entièrement sourd. Cet accident l’ayant forcé de chercher toutes ses ressources en lui-même, il s’adonna aux mécaniques, pour la construction desquelles il avait beaucoup de dispositions naturelles ; bientôt ce goût devint une passion, et il aurait volontiers regardé sa surdité comme un avantage, parce qu’elle lui assurait une plus grande tranquillité. Il apprit le dessin, l’architecture, et fut employé à divers ouvrages publics ; mais bientôt les nouveaux instruments dont la physique venait de s’enrichir, le baromètre, le thermomètre, l’hygromètre, attirèrent toute son attention. Il travailla beaucoup à les perfectionner, et rassemble ses recherches sur cet objet dans un ouvrage intitulé : Remarques et expérience physiques sur la constructions d’une nouvelle clepsydre, sur les baromètres, thermomètres et hygromètres, Paris, 1695. Quatre ans après la publication de cet ouvrage, il fut reçu de l’académie des sciences, s’occupa des frottements et de plusieurs autres objets de mécanique et de physique, comme on peut le voir dans l’histoire de cette compagnie. Après avoir joui constamment d’une santé parfaite, qu’il devait à sa tempérance autant qu’à la nature, il fut tout à coup attaqué d’une maladie aiguë, qui l’emporta en peu de jours, et il mourut le 11 octobre 1705, à l’âge de 42 ans ; Amontons est le véritable inventeur de l’art télégraphique, tel que nous le voyons aujourd’hui ; il en fit deux fois l’expérience publique devant des membres de la famille royale. « Le secret, dit Fontenelle, consistait à disposer, dans plusieurs postes consécutifs, des gens qui, par des lunettes de longue vue, ayant aperçu certains signaux du poste précédent, les transmissent au suivant, et toujours ainsi de suite. Ces différents signaux : étaient autant de lettres d’un alphabet dont on n’avait le chiffre qu’à Paris et à Rome. La plus grande portée des lunettes réglait la distance des postes, dont le nombre devait être le moindre qu’il fût possible ; et, comme le second poste faisait des signaux au troisième, à mesure qu’il les voyait faire au premier, la nouvelle se trouvait portée de Paris à Rome, presque en aussi peu de temps qu’il en fallait pour faire les signaux à Paris. » L’invention des télégraphes ne pouvait pas être plus clairement décrite, ni son utilité mieux exprimée. On pourrait s’étonner qu’il ait fallu cinquante ans pour en sentir le mérite et pour le mettre à exécution ; mais la vérité ne marche pas plus vite. La découverte d’Amontons a eu le sort qu’il éprouva lui-même pendant sa vie : « Il avait, dit Fontenelle, une entière incapacité de se faire valoir, autrement que par ses ouvrages, ni de faire sa cour, autrement que par son mérite, et, par conséquent, une incapacité presque entière de faire fortune. B-t.


AMORETTI (l’abbé Charles), géographe et naturaliste distingué, naquit en 1740, à Onéglia, petite ville du duché de Gènes. Son père, négociant, jouissait dans le pays d’une certaine considération, puisqu’il était capitaine de la milice. Après avoir terminé ses premières études, Amoretti embrassa la règle de St-Augustin, et parvint bientôt à la chaire du droit canonique de l’académie de Parme. Mais, fatigué des obstacles que rencontrait son goût pour les sciences, il sollicita de la cour de Rome sa sécularisation ; et, en quittant le cloître, il abandonna la théologie pour se livrer à l’étude des langues et à celle de l’histoire naturelle. En 1772, il se rendit à Milan ; et, s’étant chargé de l’éducation des enfants du patricien Cusani, il fit avec ses élèves des voyages dans les Alpes, à Vienne et dans l’Italie méridionale, qui contribuèrent beaucoup et perfectionner ses connaissances en minéralogie. Il fut du nombre des savants que s’associa le P. Soave (voy. ce nom) pour la publication du recueil intitulé : Opuscoli scelti sulle scienze e sulle arti, dont il a paru 22 vol. in-4o, de 1778 à 1806. Lié d’une étroite amitié avec le P. Fumagalli, sur sa demande, il traduisit en italien l’Histoire de l’art chez les anciens, par J. Winckelmann. Cette version, imprimée à Milan en 1779, 2 vol. in-4o, est accompagnée de notes très-érudites, et quoique Amoretti ne s’en soit pas ouvertement déclaré l’auteur, elle n’en contribua pas moins à étendre sa réputation. Il devint, en 1783, secrétaire de la société patriotique de Milan, dont le but était de favoriser les progrès de l’agriculture, et il en remplit les fonctions pendant quinze ans. Les révolutions politiques dont l’Italie fut le théâtre ne changèrent rien à ses habitudes studieuses. Nommé l’un des conservateurs de l’Ambrosienne, en 1797, ce fut d’après les manuscrits de cette bibliothèque qu’en 1800 il publia le Premier voyage autour du monde d’Antoine Piqafetta, dont il donna lui-même une traduction française (voy. Ant. Pigafetta), et, en 1812, le Voyage de la mer Atlantique à l’Océan Pacifique de Ferrer Maldonado, qu’il traduisit également en français.