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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/10

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La défaite, fut la montagne qui tombant avec lui l’écrasa.

Entre Sedan et le temps où nous sommes, les choses sont spectrales et nous-mêmes sommes des spectres ayant vécu à travers tant de morts.

Cette époque est le prologue du drame où changera l’axe des sociétés humaines. Nos langues imparfaites ne peuvent rendre l’impression magnifique et terrible du passé qui disparaît mêlé à l’avenir qui se lève. J’ai cherché surtout dans ce livre à faire revivre le drame de 71.

Un monde naissant sur les décombres d’un monde à son heure dernière.

Oui, le temps présent est bien semblable à la fin de l’Empire, avec un grandissement farouche des répressions, une plus féroce acuité de sanglantes horreurs, exhumées du cruel passé.

Comme si quoi que ce soit pouvait empêcher l’éternelle attirance du progrès ! On ne peut pas tuer l’idée à coups de canon ni lui mettre les poucettes.

La fin se hâte d’autant plus que l’idéal réel apparaît, puissant et beau, davantage que toutes les fictions qui l’ont précédé.

Plus aussi, le présent sera lourd, écrasant les foules, plus la hâte d’en sortir sera grande.

Écrire ce livre, c’est revivre les jours terribles où la liberté nous frôlant de son aile s’envola de l’abattoir ; c’est rouvrir la fosse sanglante où, sous le dôme tragique de l’incendie s’endormit la