Aller au contenu

Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

auquel assistèrent tous les capitaines de compagnies ; je revins avec Flourens tout au petit jour, les fédérés alignés le long du chemin et lui à cheval.

» On se mit en marche. Arrivés au pont les traverses étaient enlevées : les canons ni les omnibus ni aucun véhicule ne pouvaient passer. Flourens me dit :

» — Prenez les canons et les autres munitions et faites le tour par l’autre pont.

» Il fallait passer sous le Mont-Valérien qui commençait à tirer sur le corps d’armée de Bergeret dont je rencontrai des bataillons qui se repliaient sur Paris.

» Je continuais ma route criant : À Versailles, à Versailles, mais ne sachant plus quel chemin prendre je fus obligé de le demander à un employé du chemin de fer ; il me répondit qu’il ne le savait pas, mais lui ayant mis mon revolver sur le front, il me l’indiqua. Je suivis au grand galop avec trois canons et des omnibus de munitions conduits par des fédérés. Les canons étaient menés par des artilleurs et nous avions avec nous une demi-compagnie de gardes nationaux que Flourens avait chargés de les escorter ; mais ne pouvant suivre au pas de course, ils restèrent en route.

» Nous passâmes sous un fort qui ne cessait de tirer.

» Je rejoignis Flourens sans accident à quelque distance de Chatou ; il m’envoya aussitôt prévenir Bergeret de mon arrivée et lui demander de se concentrer avec lui.

» C’est alors que les obus du Mont-Valérien commencèrent à pleuvoir sur Chatou.

» Quand je revins rendre compte à Flourens de ma mission près de Bergeret, je le trouvai entouré de Cipriani et d’une foule d’officiers et de simples gardes qui les accablaient d’invectives, se croyant trahis. Les obus commençaient à tomber sur le village et c’est ce qui les exaspérait.

» Flourens se voyant en butte à tant de reproches