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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/190

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» Derrière nous le fort du Mont-Valérien qui, par la crédulité de Lullier, était tombé entre les mains de nos ennemis et nous faisait beaucoup de mal.

» Il était urgent de sortir de Chatou et de se replier sur Nanterre ; si nous ne voulions pas être coupés et pris comme dans une souricière, il fallait former une seconde ligne de bataille qui nous dégageât de toute surprise.

» Les fédérés ayant marché toute la journée étaient harassés et affamés ; ce n’était donc pas dans un pareil état que l’on pouvait, à trois heures de l’après-midi, engager un combat contre un ennemi rendu hardi par le succès de Châtillon.

» Tout, donc, exigeait de se replier sur Nanterre afin de pouvoir le lendemain matin, avec des troupes fraîches arrivées de Paris, s’emparer des hauteurs de Buzenval et de Montretout et marcher sur Versailles.

» Moi, en ma qualité d’ami de Flourens et comme chef d’état-major de la colonne, je soumis ce plan à Flourens et à Bergeret qui était venu nous rejoindre ; celui-ci l’approuva ; Flourens me répondit :

— Moi, je ne bats pas en retraite.

— Mon ami, lui dis-je, ce n’est pas une retraite et encore moins une fuite ; c’est une mesure de prudence, si vous aimez mieux, qui nous est imposée par tout ce que je vous ai déjà exposé.

» Il me répondit par un signe affirmatif de la tête.

» Je priai Bergeret de prendre la tête de la colonne, Flourens, le centre, et moi, je restais le dernier pour faire évacuer complètement Chatou.

» Tout le monde était en marche, je revins sous l’arcade du chemin de fer, où je m’étais entretenu avec Bergeret et Flourens, j’y trouvai celui-ci toujours à cheval, à la même place, pâle, morne, silencieux.

» À ma demande de nous mettre en route il refusa et, descendant de cheval, il confia sa monture à des gar-