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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/256

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de-Ville ou à la Sûreté, il y avait des malheureuses qui en sortaient en pleurant parce qu’on ne voulait pas qu’elles allassent soigner les blessés, car ils voulaient des mains pures, les hommes de la Commune, pour panser les blessures.

Elles me dirent leur douleur, qui donc avait autant de droit qu’elles ? les plus tristes victimes du vieux monde, de donner leur vie pour le nouveau !

Je leurs promets que la justice de leur demande sera comprise et qu’il y sera fait droit.

Je ne sais ce que j’ai dit, mais la douleur de ces infortunées m’avait tant saigné le cœur que je trouvais des paroles qui allaient au cœur des autres ; elles furent adressées à un comité de femmes dont l’esprit était assez généreux pour qu’elles fussent bien accueillies.

Cette nouvelle leur causa une si grande joie qu’elles avaient encore des larmes, mais ce n’était plus de douleur.

Ainsi que des enfants, elles voulurent de suite des ceintures rouges ; comme je pus, je leur partageai la mienne, en attendant.

— Nous ne ferons jamais honte à la Commune, me dirent-elles.

En effet, elles sont mortes pendant la semaine de mai, la seule que je revis à la prison des Chantiers, me raconta comment deux d’entre elles, avaient été tuées à coups de crosse de fusil, en portant secours à des blessés.

Au moment où elles venaient de me quitter, elles, pour aller à leur ambulance à Montmartre, moi, pour retourner à Montrouge, près de La Cecillia, un paquet enveloppé de papier, me fut jeté sans que je visse personne : c’était une écharpe rouge, qui remplaça la mienne.

Les agents de Versailles devenus plus habiles, fo-