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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/283

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petits, (une boite au lait, par exemple) étaient regardés comme incendiaires, porteuses de pétrole, et collées au mur ! — Ils les attendirent longtemps leurs petits !

Quelques enfants, sur les bras des mères, étaient fusillés avec elle, les trottoirs étaient bordés de cadavres.

Comme si on eût pu dire à des mères, nous voulons mourir invaincus sous Paris en cendres ?

L’Hôtel-de-Ville brûlait comme un lampadaire ! en face, un mur de flammes fouettées par le vent, elle se reflétait, la flamme vengeresse dans les lacs de sang, passant sous les portes des casernes, dans les rues, partout.

Bientôt de la caserne Lobeau le sang en deux ruisseaux s’en alla vers la Seine : longtemps il y coula rouge.

Millière sur les marches du Panthéon tombe en criant : Vive l’humanité ! Ce cri fut prophétique, c’est celui qui aujourd’hui nous rassemble.

Rigaud fut assassiné rue Gay-Lussac où il demeurait, à l’heure même où le quartier fut pris. P. ce même commissaire de la Commune qui assistait à l’exécution Vaysset, passant rue Gay-Lussac dans le silence d’épouvante qui régnait après la victoire de l’ordre, leva les yeux, vers un logement, où demeuraient des amis de Gaston Dacosta, une personne était à la fenêtre regardant à terre, elle semblait lui indiquer quelle chose.

Il aperçut alors un cadavre, étendu les bras en croix contre le trottoir ; son uniforme était ouvert, ses galons arrachés, les pieds blancs et petits étaient nus, ayant été déchaussés suivant l’usage de Versailles ; — la tête était toute pleine de sang, qui d’un petit trou au front ruisselait sur la barbe et le visage, le rendant méconnaissable.