Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/298

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» Dans une première campagne contre l’administration de l’assistance publique, brochure que je publiai en 1875, je citai ce chiffre page 9. Or vous savez combien l’ordre moral guettait pour les étouffer et les poursuivre les moindres révélations de l’époque sanglante. Eh bien, il n’osa élever aucune contestation.

» Non, on ne saura jamais le nombre de tués pendant et après la lutte, et celui bien autrement énorme des personnes qui, n’ayant pris aucune part à la Commune, furent fusillées, égorgées.

» Un détail encore plus connu : pendant plus de six semaines, chaque matin, de 4 à 6 heures on exécutait au fort de Bicêtre.

» Dans les derniers jours les fournées étaient encore d’une trentaine de victimes.

» Sur beaucoup de points de la banlieue, les tranchées qui avaient été établies par les Prussiens, servirent à enfouir des monceaux de fusillés.

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» Ici des points indiquaient sans doute des choses trop horribles, ou un nombre de cadavres trop élevé pour qu’il fût possible de le publier. — Benjamin Raspail reprend ainsi :

« Après toutes les révélations enregistrées depuis quelques semaines par la presse, après les imprudentes paroles prononcées par M. Leroyer, il ne faut pas oublier, nous ne voulons pas qu’on oublie. Eh bien, oui, je suis de cet avis, il faut que la justice, que l’humanité et la civilisation noyées à cette époque dans des torrents de sang reprennent leurs droits. — La véritable enquête n’a pu être faite tant la terreur était grande, maintenant elle peut l’être.

» Le premier point à établir, c’est dans tous ces lieux d’exécution où, on a exécuté sans forme de jugement, sans dresser le moindre procès-verbal.

» Dès lors ce sont après le combat, après la lutte de