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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/304

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Versailles, je n’inspirai de soupçons, notre vieille amie madame Blin que j’avais rencontrée vient avec moi elle n’avait rien entendu dire de ma mère, ni de la classe si ce n’est que les enfants y étaient pendant les derniers jours comme à l’ordinaire. Plus on approchait, plus l’inquiétude me serrait le cœur, — quel sépulcre que Montmartre aux jours de mai !

Des gens de mauvaise mine portant le brassard tricolore, regardant en dessous, seuls passaient, parlant aux soldats.

La cour de l’école est déserte, la porte fermée, mais pas à clé — la petite chienne jaune Finette, hurle en m’entendant. Elle est enfermée avec le chat dans la cuisine ; les pauvres bêtes crient. Mais je ne vois pas ma mère, je demande à la concierge qui hésite ; enfin elle m’avoue que les Versaillais sont venus me chercher et que ne me trouvant pas, ils ont emmené ma mère pour la fusiller.

Il y a un poste de l’armée dite régulière au café en face, j’y cours, je leur demande ce qu’ils ont fait de ma mère qu’on vient d’emmener à ma place.

— Elle doit être fusillée maintenant, me dit froidement l’un d’eux, le chef.

— Alors vous recommencerez, leur dis-je, pour moi, — où est-elle ? où sont vos prisonniers ?

Ils me disent que c’est au bastion 37 et qu’on va me conduire.

Mais je sais où c’est, je n’ai pas besoin d’eux, je cours en devant, ils me suivent.

J’ai hâte de voir ma mère que je crois morte et jeter ma vie à la face de ces monstres.

Au bastion 37, dans une grande cour toute pleine de prisonniers, je la vois avec les autres grand nombre de nos amis ; jamais je n’éprouvai si grande joie.

Les soldats qui m’avaient amenée, en même temps que je demandais au commandant, la liberté de ma