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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/353

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De cette nouvelle plutôt encore que du froid, ma mère revint glacée à Paris, je ne sus que plus tard, quand elle vint habiter chez sa sœur à Clefmont, pour être plus près de moi, qu’elle avait été dangereusement malade. Sans communications avec le dehors, autres que les visites, très rares et très courtes de nos proches parents, nous étions seules avec l’idée.

Je serai forcée de parler plus souvent de nous et même de moi, puisque nos seuls événements étaient les arrivées de nouvelles prisonnières, sachant moins que nous, peut-être. De temps à autre, le tambour du village criait quelque décision du gouvernement sur la place, s’arrêtant dans les rues pour recommencer la même lecture. Quand les fenêtres de ce côté étaient ouvertes et que le vent portait, nous entendions aussi bien que les habitants du village, ce qui était lu par ordre officiel.

Les manifestes des Thiers, des Mac-Mahon, des Broglie, nous apprenaient que c’était toujours la même chose, dans la pire des Républiques.

Des ouvrages écrits à Auberive il ne me reste que quelques vers et quelques fragments.

De la femme à travers les âges, publié dans l’Excommunié de Henri Place, quelque temps après le retour, quelques feuillets seulement.

La Conscience, et le Livre des morts sont perdus, j’ignore où se trouve le manuscrit du Livre du bagne, dont la première partie, signée le no 2182, fut écrite à Auberive et la seconde avec tout l’océan entre les deux fut écrite à la Centrale de Clermont quelques années après le retour et signée le no 1327.

Est-ce que les œuvres et la vie de ceux qui luttent pour la liberté, ne restent pas ainsi, par lambeaux sur le chemin ?

Une immense étendue de neige, épaisse et blanche, c’était ce qu’on voyait des fenêtres d’Auberive ; les sal-