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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/387

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certains exclus avaient repoussé la grâce, et revendiqué leur responsabilité. Pourquoi, répliqua Clémenceau voulez-vous que ceux qui ont été frappés oublient les horreurs de la répression ? Vous dites : nous n’oublions pas ; si vous n’oubliez rien, vos adversaires se souviendront. Il avait raison, Clémenceau. Nous repoussions la grâce, parce qu’il était de notre devoir de ne point abaisser la révolution pour laquelle Paris fut noyé de sang.

La fin de ma lettre du 18 avril avait trait à un projet que nous entretenions, madame Rastoul et moi, au moyen d’une boite allant pleine de fil ou autres objets de ce genre de la presqu’île Ducos à Sydney où elle demeurait.

Les lettres étaient entre deux papiers collés au fond de la boite.

Il s’agissait qu’une nuit après l’appel je pouvais par les sommets des montagnes gagner le chemin de la forêt nord après les postes de gardiens et par la forêt nord par le pont des Français où en fait d’eau il n’y a le plus souvent qu’une boue marine, arriver en observant quelques précautions à Nouméa par le cimetière.

De là, quelqu’un que madame Rastoul devait prévenir m’eut aidée à gagner le courrier qu’elle eût payé.

Une fois à Sydney, j’aurais tâché d’émouvoir les Anglais par le récit des hauts faits d’Aleyron et de Ribourt, et nous espérions qu’un brick monté par de hardis marins reviendrait avec moi chercher les autres. Faute de quoi je serais moi-même revenue, car nous n’étions que vingt femmes déportées : il fallait les vingt ou personne.

Ce fut notre boîte qui ne revint pas — j’ai su en passant à Sydney à mon retour que c’était au moment même où je devais recevoir l’avertissement convenu pour effectuer notre projet que lettre et boite avaient été livrées.