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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/399

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Là mes papiers n’étaient pas suffisants (je pouvais, disait-on, les avoir trouvés), cela pouvait ne pas être moi, et il fallut que Duser, établi à Sydney, certifiât que c’était réellement moi. Sous prétexte qu’il avait eu déjà des ennuis à l’évasion de Rochefort, il consentit à cette nouvelle aventure dont il n’eut aucun désagrément, Sydney étant colonie anglaise.

Sous prétexte aussi que j’étais venue de mon plein gré, le consul, une sorte de pot-à-tabac, sorti d’un tableau flamand, ne voulait me rapatrier avec les dix-neuf autres déportés qui étant venus travailler à Sydney pouvaient, eux, partir de là. Mais avec le sang-froid que j’ai dans ces occasions-là, je lui dis que j’étais satisfaite de connaître de suite sa décision, parce que je pouvais gagner mon passage en faisant quelques conférences.

— Sur quel sujet ? demanda-t-il.

— Sur l’administration française à Nouméa, cela inspirera peut-être quelque curiosité.

— Et que direz-vous ?

— Je raconterai ce que Rochefort n’a pas pu dire parce qu’il ne l’a pas vu, toutes les infamies commises par Aleyron et Ribourt, aussi les causes de la révolte canaque, la traite des noirs qui se fait au moyen d’engagements. Je ne sais ce que je lui dis encore. Alors le vieux pot à tabac me regarda d’un œil qu’il voulait faire terrible, et écrasant sa plume sur le papier qu’il me donna, il dit : — Vous partirez avec les autres ! J’ai toujours cru qu’au fond, il n’était pas hostile. — Voilà comment nous fîmes le voyage de Sydney en Europe à vingt embarqués sur le John Helder en partance pour Londres, le bateau passa à Melbourne d’aspect moins beau que Sydney, mais une grande et large ville répandue en damier dans la plaine.

Ainsi nous avons fait le tour du monde par le canal de Suez. — En face de la Mecque, mourut un pauvre