Aller au contenu

Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bres se prosternaient alors devant moi en me répétant : Comme vous étiez dans le vrai !

» Raspail indigné demanda la parole pour répondre aux bravos de la tourbe ministérielle.

» — Il s’est commis, dit-il, un assassinat tel que les crimes de Troppman (qu’on jugeait alors) n’ont pas produit une pareille impression, et cependant, la justice à laquelle vous le déférez n’est pas la justice : ce qu’il nous faut, c’est un jury qui ne soit pas choisi parmi les ennemis de la cause populaire.

» Et comme on lui rappelait l’indépendance de la magistrature il s’écriait :

» — Je les connais vos hautes cours, j’y ai passé. Dans l’une on a trouvé jusqu’à un homme condamné aux galères.

» Raspail fut interrompu par le président annonçant qu’il recevait à l’instant du procureur général Grandperret une demande en autorisation de poursuites contre moi pour offenses envers l’Empereur, excitation à la révolte et provocation à la guerre civile.

» Cinq minutes auparavant, Émile Ollivier déclarait qu’il dédaignait mes attaques. Ce n’était pas précisément là du dédain.

» J’ai tenu à conserver pour le public la physionomie de cette partie de la séance, où Raspail et moi fûmes seuls en scène.

» On a pu remarquer que pas un membre de la gauche n’y intervint, pas plus Gambetta que Jules Favre ou Ernest Picard ; cet abandon donnait aux insolences du cynique Ollivier une autorité considérable sur le troupeau des majoritards. Le ministre avait ainsi le droit, dont il usait et abusait, de faire observer que tous mes collègues de l’opposition sauf un seul et unique, refusaient de se solidariser avec moi.

» Les obsèques avaient été fixées au lendemain et la journée s’annonça comme devant être affreusement