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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/99

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rent trois mois après devant un conseil de guerre, il fallut acquitter tous ceux qui étaient présents ; l’accusation leur ayant reproché « d’avoir été les adversaires de l’Empire » puisqu’on se prétendait en République l’accusation tombait d’elle-même. Constant Martin avait été oublié cette fois-là, on devait se rattraper vingt-six ans après.

Une partie de ceux qui avaient été inculpés furent élus comme protestation dans les diverses mairies de Paris, les maires et adjoints républicains furent réélus.

Il y eut aux diverses mairies, comme maires ou adjoints : Ranvier, Flourens, Lefrançais, Dereure, Jaclard, Millière, Malon, Poirier, Héligon, Tolain, Murat, Clemenceau, Lafont. (Ranvier, Flourens, Lefrançais, Millière, Jaclard, étaient toujours prisonniers.)

Montmartre, mairie, comités de vigilance, clubs, habitants étaient, avec Belleville, l’épouvantail des gens de l’ordre.

On avait l’habitude dans les quartiers populaires de ne pas trop s’inquiéter des gouvernants ; la meneuse c’était la liberté ; elle ne capitulerait pas.

Aux comités de vigilance se réunissaient les hommes absolument dévoués à la révolution, promis d’avance à la mort ; là se retrempaient les courages.

On s’y sentait libres, regardant à la fois le passé sans trop copier 93, et l’avenir sans craindre l’inconnu.

On y venait par attirance ayant les caractères s’harmonisant ensemble, les enthousiastes et les sceptiques, fanatiques tous, de la révolution, la voulant belle, idéalement grande !

Une fois réunis au 41 de la Chaussée Clignancourt, où l’on se chauffait plus souvent du feu de l’idée que de bûches ou de charbon, ne jetant que dans les grandes occasions un dictionnaire ou une chaise dans la cheminée quand on recevait quelque délégué, on avait peine à en sortir.